Étais-tu déjà « artiste » quand tu étais petite ?
Non, fondamentalement, et cela depuis que j’ai 7 ans, je suis designer, je pense objet, je vois objet, je pense usage, scénario, utilisation, apport, alors on c’est peut être très proche, mais quand on est enfant cela paraît très différent de quelqu’un qui fait des tableaux, des sculptures etc.
As-tu ou travailles-tu avec des enfants ? Qu’ont-ils de particulier ?
En qualité d’enseignante, je travaille avec de grands enfants, ils sont plutôt adolescents ou jeunes adultes, je les ouvre aux métiers des arts appliqués, au design notamment, c’est un grand bonheur de les voir s’épanouir, grandir, changer, devenir au fil des mois et des années. J’ai la grande chance de garder avec beaucoup des contacts après leurs formations, et c’est important de voir combien ce qu’on enseigne raisonne longtemps après. Je crois que c’est cette expérience, mon enfance, et mon regard sur notre monde qui on fait naitre QuiQueQuoi. Savoir combien les petites graines, grandissent fortement chez nos enfants, et que beaucoup de choses passent par le savoir d’anecdotes amusantes, cools, le savoir, les valeurs sont ainsi beaucoup plus facilement assimilées.
Picasso disaient d’eux : « Quand j’avais leur âge, je dessinais comme Raphael, mais il m’a fallu ma vie pour dessiner comme eux ». Qu’en penses-tu ?
Ahaha, Starck dit que quand on est un jeune designer on met en effet beaucoup de détails, de fioritures, et que le travail du designer c’est de simplifier, aller à l’essentiel, que quand on est jeune ‘’on éjacule » et qu’après on apprend à modérer et contrôler. C’est tout à fait vrai, on veut tout mettre, tout faire, on est dans la démonstration. L’important c’est le message, ce que l’on porte, modérer et contrôler.
Chez TOUT COMME des grands, nous aimons laisser aux enfants la liberté de se réapproprier nos ateliers. Nous proposons une thématique mais chacun fait comme il veut. As-tu des recommandations à nous donner ?
Ah la liberté, je suis pour l’ennui chez les enfants, je suis pour ces moments de flottement. C’est d’ailleurs ce pourquoi j’ai développé du coloriage avec QuiQueQuoi, parce que cela est un support créatif, que j’investit de savoirs et de valeurs, mais qui permet la liberté de rêvasser, de buller, de démarrer où l’on veut, et de finir quand on veut. C’est important de pas toujours être totalement guidé, et de savoir comment se retrouver dans son activité. Si on suit pas à pas une notice de comment il faut faire si ou ça, où est la part d’imagination, d’expérimentation ? On devient des robots si on choisit de faire faire au sein d’un cadre restreint. C’est d’ailleurs le grand drame (je trouve) des nouveaux Lego avec Notice. Brillante idée commerciale pour en vendre plus, mais terrible non sens par rapport au souhait natif du créateur. Le LEGO c’est un outil de liberté, sans code, règle, notice, il ne l’est malheureusement plus totalement.