Pour cette première rencontre, nous avons invité Federico Pouso, dont nous avons découvert le travail par une amie de Soledad.
Fede POUSO
Présentation de l'artiste
Soledad : « Fede, je te laisse te présenter. Que fais-tu, où habites-tu, d’où viens-tu ? Comment as-tu découvert que tu aimais dessiner et peindre ?
Fede Pouso : « Bonjour. Je m’appelle Fede Pouso et je suis un artiste audiovisuel, autodidacte.
Je travaille comme styliste, designer, costumier pour le cinéma et je peins.
Je suis uruguayen, enfant d’émigrés espagnols en Uruguay. J’habite aujourd’hui à Madrid et vis de mon travail d’artiste.
Tout a commencé depuis tout petit, quand je regardais ma maman peindre. Mais je ne comprenais pas encore l’impact que cela aurait sur moi et mes choix professionnels, artistiques. »
L'art et les enfants
Soledad : « Tu as dit que ta maman était peintre. T’a-t-elle familiarisé avec l’art dès ton plus jeune âge ? Etais-tu un enfant artiste ? Te projetais-tu comme un artiste quand tu étais petit ? »
Fede Pouso : « Je suis un artiste, je le sais depuis tout petit. Toute ma vie, j’ai été éveillé à l’art et à la mode, grâce à ma maman et à ma soeur qui ont stimulé ma créativité.
Je me souviens que je regardais, émerveillé, les défilés de mode des grandes marques des années ’90. Tout me semblait si magique… Je voyais les stylistes comme des magiciens et les modèles comme des personnages incroyables.
Cela m’a constitué et je n’oublierai jamais, ce que cette période m’a apporté. J’ai su, en grandissant que c’est ce que je voulais faire et que rien ne m’en empêcherait.
Je remercie aussi mon papa, qui était émigré, arrivé sans rien dans un nouveau pays, qui m’a appris à travailler beaucoup et durement. Me battre pour réaliser mes rêves et vivre heureux comme je le suis aujourd’hui. »
Soledad : « Comment tes parents, arrivés d’Espagne en Uruguay sans rien, voyaient le fait que tu te projettes comme artiste et que tu veuilles travailler dans le milieu artistique ? »
Fede Pouso : « Comme tous les parents, ils voulaient le meilleur pour moi. Le problème est que ce qu’ils voyaient pour moi ne correspondait pas à mes rêves. Mais à la place de me décourager par ce manque de soutien, j’ai pris cela comme un déclencheur, comme une motivation supplémentaire pour leurs montrer ce que j’aimais faire et que je pouvais réussir.
Je crois que l’un de mes jours préférés est celui où ils m’ont dit qu’ils étaient fiers de moi, j’ai senti qu’un cycle de ma vie s’était fermé, validé.
Soledad : « Dans nos ateliers, les expériences que nous vivons avec les enfants sont très riches et variées. Chaque enfant a son univers créatif et s’approprie la thématique de l’atelier. Cela permet un échange avec les parents, qui sont parfois surpris de découvrir le talent de leurs enfants.
As-tu travaillé avec des enfants ? Qu’y vois-tu de particulier ?
Fede Pouso : « Je me souviens, quand j’étais à l’école, depuis tout petit, on nous amenait dans des foyers d’enfants qui se trouvaient dans des situations difficiles, pour que l’on joue avec eux, que l’on devienne amis en partageant du temps ensemble. Ces expériences m’ont marqué et j’en comprends le sens aujourd’hui plus que jamais. Les enfants sont magiques, ils sont créatifs par nature. Mon enfance a été fantastique, remplie de couleurs, de jeux, de nature, et je crois que nous devons éduquer nos enfants en les invitant à observer, à aimer, à créer.
Evidemment, chaque famille vit des réalités différentes mais il faut transmettre de la magie aux enfants. Je trouve que le travail que vous faites est super important et je vous en félicite. Dès l’instant où nos chemins se sont croisés, j’ai adhéré à votre projet et suis heureux de vous offrir les coloriages que j’ai créé pour les enfants qui vous suivent.
Soledad : « Picasso disait des enfants : « Quand j’avais leur âge, je dessinais comme Raphael, mais il m’a fallu ma vie pour dessiner comme eux » Qu’en penses-tu ?
Fede Pouso : «Je crois qu’il parle de la pureté et de l’instinct créatif de l’enfant que nous avons tous à l’intérieur de nous. C’est facile d’apprendre une technique et de peindre à la perfection, mais je pense que l’instinct est plus important, ce que l’on a en nous, on ne peut pas l’apprendre ni le copier. C’est ce qui sépare le « correct » du génie et du fantastique. Picasso en est la preuve.
Soledad : « Chez TOUT COMME des grands, nous aimons laisser aux enfants la liberté de se réapproprier l’atelier. Nous proposons une thématique, on leur montre une technique, on leur raconte une histoire mais chacun fait comme il veut. Si tu venais travailler avec nous, quel serait la première chose que tu ferais avec eux ? As-tu des recommandations ou des idées à nous partager ?
Fede Pouso : « Si j’avais la chance de faire un atelier avec vous, j’aimerais leur proposer de venir avec une feuille ou un tableau blanc. Le plus intéressant à observer, est de voir comment ils utilisent les couleurs et la matière pour développer les premières traces, les premières formes. Leur donner l’opportunité de sortir du cadre et de s’exprimer librement.
Je leur proposerais de tester différentes matières : collage, céramique… pour que chacun d’entre eux s’identifie à son propre style, trouve ses propres sensations et choisisse sa matière, sa propre technique. »
Les dernières questions
Soledad : « As-tu un conseil pour les parents de nos petits artistes ?
Fede Pouso : « Mon conseil pour les parents être d’être patients, d’observer et de nourrir la créativité de leurs enfants, sans en avoir peur. Qu’un enfant soit créatif ou artiste, ne signifie pas qu’il en fera sa profession, mais ses qualités artistiques lui serviront tout au long de sa vie. En supprimant cela, on élève des robots et non plus des humains.
Soledad : « Bleu ou jaune ? Rond ou carré ? Dessin ou peinture ? »
Fede Pouso : « Bleu, rond, courbes, peinture. »
Soledad : « On invite quel artiste au prochain live ? »
Fede Pouso : « Ce serait intéressant d’inviter un artiste qui travaille avec ses mains, comme la céramique ou la poterie. Les mains sont les créatrices qui donnent la forme au futur. Merci ! »